Elle, Marie-Paule Bargès, dit la sueur et la salive, le trouble de l’émoi, les larmes et la pudeur… Elle  écrit avec son corps,

pour faire naitre la nuit, la marge, l’intime, le sensuel, ou avec sa peau un murmure à notre oreille …. 

En suivant les reliefs feutrés de sa voix, qui nous frôle, nous caresse, nous aspire, grave et pourtant douce, chuchotante

et pourtant claire, parcourue de frissons qu’elle nous communique, l’envie nous prend d’être ses mots pour sortir de sa bouche, et le plaisir qu’elle distille nous absorbe dans une intimité mettant en scène l’amour, le frémissement des corps, la nudité, le sexe, la nuit, la douleur, les chagrins.

 

Lui, Philippe Poivert, en écho, pour l’accompagner, nous accompagner, trace des sons, égrène les notes,  goutte à goutte,

en dessine  le rythme… Son phrasé musical discret  coule entre les mots, se faufile parmi les lettres, se confond en un subtil clapotis ou sculpte le silence. On se surprend à avoir une attention semblable pour la musique et pour les mots.

L’écoute ici se produit comme une lecture. J’ai découvert que je lisais la musique avec mes oreilles pour être, pour rester,

pour avancer, au plus prés du sens des textes de Marie-Paule….

Une sorte de complicité se noue, entre elle et lui et nous, c’est la nudité qui est sollicitée, mais leur accord rend notre présence évidente au cœur de cette intimité. Et puis vers la fin, on se rhabille, la musique nous enrobe… nous restons dans la nuit, songeur, laissant le palpé des mots s’éloigner dans la voie lactée des notes.

 

Virginie Megglé

Juin 2017